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Jimmy Butler, de la rue aux étoiles

Publié par NBB sur 30 Décembre 2014, 17:38pm

Catégories : #NBA

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Élu joueur de la semaine dans la conférence Est, Jimmy Butler (25 ans) est la révélation de cette première moitié de saison NBA. Le jeune Texan n’était pas voué à une telle réussite : adolescent, il s’était fait virer du domicile familial, planqué dans de petites équipes sans perspective d’avenir. Il est aujourd’hui, contre toute attente, le meilleur marqueur des Chicago Bulls.

 

N’allez pas dire à Jimmy Butler qu’il est en train de devenir une star. "Je n'en suis pas une, a-t-il récemment expliqué à ESPN. Je suis un bon joueur de complément dans une très, très bonne équipe. ‘Star’ et ‘Jimmy Butler’, cela ne va pas ensemble. Cela n’ira jamais ensemble. Je serai toujours le gars dans l’ombre, loin des radars". N’allez pas non plus chercher dans ce postulat une fausse modestie malvenue : Jimmy Butler a vraiment été le gars dans l’ombre, loin des radars.

 

"Tu me déranges, va-t'en"

 

Au début des années 2000, à Tomball, petite ville de 10.000 habitants dans la banlieue de Houston, Butler était seul. Seul : sans famille, sans ami, sans argent, sans domicile fixe. Il avait 13 ans et venait de se faire virer de la maison par sa mère. "Tu me déranges, va-t'en" ont été les derniers mots qu’elle lui a adressés. Son père avait quitté le domicile familial depuis longtemps. L’adolescent, petit et mince, s’était alors débrouillé pour dormir dans des foyers parfois, chez des amis souvent, qui acceptaient de l’accueillir le temps de quelques nuits. Dans l’équipe du lycée local, il cartonne. 

A 16 ans, alors qu’il entame sa dernière saison de high school, il se lie d’amitié avec Jordan Leslie, un nouveau venu dans l’équipe. Ce dernier est le quatrième garçon d’une grande famille dont la mère, Michelle Lambert, ne prête aucune attention aux on-dit concernant Jimmy Butler, le mystérieux garçon du quartier discret et réservé, sans toit, sans argent: elle l’accueille comme son cinquième enfant. Une nuit, une semaine, puis un mois passent. Butler ne s’installe pas seulement dans le domicile des Lambert, il intègre une nouvelle famille. Michelle ne pose qu’une condition : que Jimmy se comporte "comme un exemple". "C’est ce qu’il a fait, se félicite-t-elle. Tout ce que je lui ai demandé, il l’a fait sans poser de question". Aujourd’hui encore, Butler l’appelle "maman". 

 

Le coup de fil qui change tout

 

Malgré ses performances au lycée (19,9 points, 8,7 rebonds lors de sa dernière année), il ne parvient à séduire aucune grande université. Il échoue à Tyler Junior College, où il plante 34 points dès son premier match. Un assistant coach NCAA, Buzz Williams, le repère. Exigeant, très sévère, il apprécie le potentiel du jeune ailier mais estime qu’il ne l’exprime pas pleinement. "Tu es nul", lui lâche-t-il lors de leur première rencontre. Quelques mois plus tard, à deux heures du matin, Jimmy Butler reçoit un coup de fil. C’est Buzz Williams. Il vient d’être nommé entraîneur en chef des Golden Eagles de l’université de Marquette, qui évoluent dans la première division universitaire. Il n’a pas oublié Jimmy, sa hargne sur les parquets, sa polyvalence, son potentiel toujours intact. Il veut le coacher, et lui offre une bourse universitaire.

 

Butler quitte le Texas pour le rejoindre dans le Wisconsin, à Milwaukee, où se trouve le campus. Il s’y sent mal. Il joue peu. Sa famille d’adoption lui manque. Buzz Williams, convaincu que son nouveau poulain a les capacités pour devenir un grand joueur, est intransigeant avec lui. "Je n’ai jamais été aussi dur avec un joueur qu’avec Jimmy, reconnaît Williams. Tout ce qu’il avait entendu, pendant son enfance, c’était qu’il n’était pas assez bon. J’étais impitoyable car il n’avait pas conscience de ses qualités". Butler tient le coup. Buzz devient sa "figure paternelle".

 

Lors de sa troisième et dernière saison à Marquette, l’ailier explose : il s’impose comme l’un des espoirs les plus polyvalents du pays. Il séduit plusieurs scouts NBA. Ses workouts font l’unanimité ; ses tests athlétiques, avant la Draft, sont bluffants. Il n’a aucun agent, tout le monde le découvre. Avec leur 30e choix, les Bulls prennent le pari de le sélectionner. Nous sommes en 2011. Derrick Rose, le jeune prodige de Chicago, vient d’être élu MVP de la saison régulière. Trois ans plus tard, Jimmy Butler marque plus de points (22,2 de moyenne) que le meneur des Bulls, prend deux fois plus de rebonds (6,2), a une meilleure adresse de près (49%), de loin (35%) et sur la ligne des lancers (83%), perd trois fois moins de ballons (1,4 turnover), en intercepte trois fois plus (1,6 steal). Il est aussi le meilleur défenseur extérieur de l’effectif de l’Illinois, l’un des favoris au titre cette saison.  

 

Dans la peau de Pippen

 

Élu joueur du mois à l’Est, début décembre, il a depuis réalisé son meilleur match en carrière, face aux Knicks il y a dix jours (35 points). La nuit passée, encore, il a porté les Bulls (27 points, 9 rebonds, 4 interceptions) à Indiana. Il est peut-être en train de gagner ses galons de All-Star, joue comme un MIP (joueur ayant le plus progressé) et signera cet été, car son contrat s’achève à la fin de la saison, un nouveau bail à plusieurs dizaine de millions de dollars. L’entraîneur de Chicago, Tom Thibodeau, qui l’a choisi en 2011, n’avait jamais anticipé une telle progression. "Je pensais qu’il était capable de scorer davantage, mais jouer comme il le fait, jamais", a-t-il admis ce mardi. 

 

Aujourd’hui, Michelle Lambert, Jordan Leslie et tous les membres de sa famille d’adoption font le déplacement au moins une fois par mois à Chicago pour le voir jouer. Ils ont vu Butler, modeste et en retrait en dehors des parquets, prendre une nouvelle dimension balle en main. Le départ de Luol Deng, en janvier 2014, lui a conféré de nouvelles responsabilités offensives. L’adversité, il connaît : l’ailier n’a eu aucun mal à tenir ce nouveau rôle. Aujourd’hui, son profil n’est pas sans rappeler celui d’un certain Scottie Pippen, le lieutenant de Michael Jordan, virtuose mésestimé en attaque et défenseur increvable. Il a gagné en confiance et ose aujourd’hui attaquer le cercle, provoquer les fautes, prendre les shoots importants. Il a encore su déjouer les pronostics. Il est une star ; une star rare, discrète et mesurée, mais une star quand même. Qu’il le veuille ou non.

 

 

 

 

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