YAOUNDÉ (Cameroun) - Enfant, Engelbert Beleck ne s'était probablement jamais imaginé embrasser une carrière de basketteur et représenter un jour le Cameroun.
Ayant grandi à Biyem Assi, un quartier de la capitale politique du pays réputé pour sa grande culture du basket, Beleck était avant tout un fan de football, ne manquant aucune occasion de jouer avec ses amis.
Toutefois, il est immédiatement tombé amoureux du ballon orange lorsqu'il lui a été donné d'en faire la découverte.
"Je voulais devenir footballeur," s'exclame en rigolant Beleck au cours de l'entretien exclusif qu'il a accordé à FIBA.basketball.
"Il y a beaucoup de gars du quartier plus âgés qui pratiquaient le basket et un jour, par curiosité, je suis allé sur un terrain, j'ai ramassé un ballon et j'ai commencé à jouer. J'ai tout de suite croché.
"À chaque fois que j'allais sur un terrain, je voulais faire quelque chose de nouveau. Je voulais prendre plus de tirs à trois points, dribbler plus, bref, constamment m'améliorer."
"L'OBJECTIF EST LA QUALIFICATION POUR LE FIBA AFROBASKET, TOUT EN REMPORTANT TOUS LES MATCHS DE CETTE FENÊTRE QUALIFICATIVE."
- Engelbert Beleck
Mais ses aspirations de basketteur ont failli tourné court à cause des mauvaises influences autour de lui, dans une région difficile.
"Biyem Assi était à l'époque assez malfamé. C'était le genre d'endroits où il était facile de faire des mauvais choix.
"Je connaissais des gars qui se livraient à des activités déviantes et à un certain moment, j'ai presque arrêté de jouer au basket.
"Heureusement, j'ai eu des gens fantastiques autour de moi et la plupart étaient des basketteurs. L'un d'eux, Cédric Ottou (aussi surnommé "Poupon") m'a encadré, m'a fréquemment donné des conseils tout en me disant que si je souhaitais devenir un jour basketteur, je devais me tenir éloigné de la drogue et cesser de fréquenter les mauvaises personnes," souligne Beleck.
"D'autres mecs comme Steve Yoga, Christain Evouna et Masi Pippen m'ont aussi aidé. J'ai la chance de rencontrer le coach Gilles Bouwe, qui m'a permis de travailler mes faiblesses, surtout que je n'étais jamais passé par une académie de basket. Cela a été un moment déterminant de ma vie et de ma carrière.
"Le basket est la meilleure chose qui me soit arrivée et je cherche en permanence à redonner à ce sport qui m'a tant apporté," explique-t-il.
Ayant surmonté ces défis de l'adolescence, Beleck est passé par le club local de l'INJS de Yaoundé et le Rwanda Energy Group (REG), mais c'est avec le club yaoundais des FAP que le joueur de 22 ans a véritablement pris son envol.
Il a scoré 14 points et pris 4 rebonds dans la victoire qui a permis aux FAP de décrocher une place dans l'édition inaugurale de la Basketball Africa League (BAL).
"C'était une expérience incroyable," indique Beleck avec un large sourire.
"Je suis passé par pas mal d'émotions, car le tournoi m'a vraiment aidé à débloquer quelque chose en moi et à mieux me connaître. J'étais tout heureux d'avoir eu ce genre d'impact. Je sentais au fond de moi que j'avais franchi un palier."
Et celui que l'on surnomme "Spartacus", en référence au célèbre gladiateur grec, espère pouvoir apporter sa contribution à la sélection camerounaise, dont il revêtira pour la première fois le maillot vert, rouge et jaune.
Représenter le Cameroun est la réalisation d'un rêve, mais Beleck avoue être sorti de l'euphorie qui accompagne souvent une première convocation.
"J'étais évidemment très heureux d'apprendre que le coach avait fait appel à moi. C'est le genre de confiance que tu ne veux pas décevoir, je donne donc le meilleur de moi-même pour répondre à ses attentes et à celles de mes coéquipiers.
"Je veux avoir un impact immédiat sur l'équipe, en faisant ce que je sais faire le mieux et en me surpassant pour aider le Cameroun à gagner," commente Beleck avant d'ajouter : "L'objectif est la qualification pour le FIBA AfroBasket, tout en remportant tous les matchs de cette fenêtre qualificative. Il sera très important, pour nous et pour nos fans, de présenter notre meilleur visage."
Lors du premier tour du Groupe C, les "Lions indomptables" se sont inclinés contre la Côte d'Ivoire (82-74), mais Beleck est convaincu que les Camerounais peuvent ambitionner de ne perdre cette fois aucun match.
"La présence de joueurs comme Jérémy Nzeulie, Aziz Nkene ou Arnold Kome sera d'une très grande utilité, surtout que nous partageons tous la même envie de gagner.
"La Côte d'Ivoire a une équipe solide, avec des joueurs talentueux et expérimentés. Nous devons les empêcher de trouver leurs marques à trois points, car c'est un registre dans lequel ils excellent.
"Nous devons défendre agressivement sur leurs meilleurs shooteurs, gêner leur jeu, tout en exécutant notre plan de match. Si nous arrivons à faire tout cela, nous pouvons gagner ces trois matchs à domicile.
"Nous pourrons heureusement compter sur les encouragements de quelques fans et cela aura son importance. Ils sont passionnés et ils trouvent toujours le moyen de faire ressortir le meilleur de chacun. J'espère qu'ils seront là," conclut-il.
Le Cameroun entrera en jeu le vendredi 19 février, avec un clash contre les voisins de la Guinée équatoriale, puis il affrontera la Guinée le lendemain. Il terminera ces Éliminatoires du FIBA AfroBasket 2021 avec un choc contre la Côte d'Ivoire, le dimanche 21 février.
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