Après Pascal Siakam, Serge Ibaka et Chris Boucher, Sagaba Konate tente de devenir le quatrième joueur francophone à joindre les rangs de l’organisation.
Les Raptors de Toronto comptent trois joueurs francophones dans leur effectif, mais un quatrième membre pourrait s’ajouter à cette confrérie dans un avenir rapproché. Le Malien Sagaba Konate, qui s’est élevé au rang de vedette dans la NCAA avec West Virginia, effectue ses premiers pas dans le monde de la NBA cette semaine au PEPS de l’Université Laval.
Ignoré au repêchage après avoir mis une croix sur sa dernière année d’admissibilité dans les rangs universitaires, Konate a été recruté par les champions de la NBA à titre d’agent libre pendant l’été, un endroit idéal pour lui dans la poursuite de son développement, alors qu’il a commencé à jouer au basketball sur le tard à l’âge de 17 ans.
« Ils ont une bonne réputation dans le développement des joueurs, et ça a été un long processus pour prendre une décision », a relaté l’ailier au style défensif singulier, au sortir du premier entraînement de la troisième journée du camp d’entraînement en sol québécois.
Football et anglais
L’histoire de Konate rappelle celle du Montréalais Chris Boucher, qui a aussi commencé à lancer le ballon orange tard à l’adolescence. Adepte de soccer durant son enfance, le joueur de 22 ans a troqué le maillot pour la camisole quand il a explosé sur le plan physique, dénichant une place dans l’équipe d’une école secondaire en Pennsylvanie, équipe qu’il a menée à son premier championnat d’État en 15 ans, en 2016. Issus d’une famille de 13 frères et sœurs dans l’un des pays les plus pauvres du continent africain, Konate et cinq de ses frères ont quitté leur terre natale pour s’installer aux États-Unis, où l’adaptation ne s’est pas faite sans heurts.
« Je jouais au soccer, mais comme je grandissais, j’ai choisi de jouer au basketball. Tous les membres de ma famille jouaient au basketball. C’était un peu difficile. À ce moment, je faisais les deux sports jusqu’en 2013 et 2014. Mais j’ai commencé à prendre cela plus au sérieux à ma deuxième année à l’école secondaire », a expliqué l’imposant athlète de 2.03 m et 113 Kg à travers des réponses tantôt en anglais, tantôt en français.
« L’adaptation était très difficile parce que l’anglais n’est ni ma première langue ni ma seconde. C’est ma troisième langue. Ma première langue est le bambara et ma deuxième langue est le français, alors ma première année fut un véritable défi. J’ai dû travailler fort. Ce fut une décision déchirante pour mes frères et moi de venir aux États-Unis, mais on savait que ça allait nous rapporter gros. »
Après quatre ans avec Minnesota dans la NCAA, son frangin Bakary Konate a amorcé l’an dernier sa carrière professionnelle en Espagne. Il jouera cette saison avec une équipe de deuxième division.
Un Contreur spécial
Mais pour en revenir à Sagaba, sa blessure au genou droit qui l’a limité à huit rencontres l’an dernier fait dire à bon nombre d’observateurs qu’il devra peaufiner son jeu en passant par la G-League avec le club-école des Raptors 905.
Le natif de Bamako – la capitale malienne – s’est fait un nom avec West Virginia en raison de sa manière peu orthodoxe de contrer les attaques adverses avec ses deux grosses mains. L’entraîneur adjoint des Mountaineers n’avait pas tari d’éloges envers son protégé dans une entrevue avec le Sports Illustrated au printemps 2018.
« Je n’ai jamais vu quelqu’un bloquer avec ses deux mains de la sorte. Je n’étais pas là à l’époque de Bill Russell [ancien joueur vedette des Celtics de Boston]. C’est une chose de bloquer le dunk d’un joueur, mais c’en est une autre de le faire à deux mains. C’est juste quelque chose que tu ne vois pas. »
Auteur de 3,2 blocs à sa dernière année complète en 2017-2018 durant laquelle il a été nommé sur la troisième équipe d’étoiles de la conférence Big 12, le principal intéressé a répondu instantanément quand on lui a demandé la recette de ses succès.
« Je crois que ça part de la confiance, tout simplement. Je n’ai pas été aussi grand [que d’autres joueurs à cette position], mais c’est juste la confiance. Je mets tout mon cœur sur le jeu. Je prends une fierté à bien jouer en défense. »