Nous avons eu le grand plaisir d'avoir un entretien avec Souleymane Asrangue, ancien international centrafricain de basket-ball et actuellement entraîneur, consultant et recruteur aux Etats-Unis. L'ancien pivot de l'Université américaine des New Orleans Privateers a profité de l'occasion pour éclairer son parcours. Toujous aussi disponible et souriant, celui que l'on surnomme "As" a été l'un des meilleurs pivots de sa génération. Super défenseur, sans doute l'un des meilleurs contreurs de l'histoire du basket-ball centrafricain, Asrangue vit à Cincinnati dans l'Ohio aux USA depuis la fin de sa carrière universitaire. Il fait parti de la génération dorée des années 90 qui n'a pas pu malheureusement offrir à la République Centrafricaine un troisième titre continental.
Cyrille: Bonjour Souleymane Asrangue, tu es un ancien international centrafricain d'origine tchadienne avec le passeport américain et tu viens d'obtenir ton diplôme d'entraîneur à Houston aux Etats-Unis là où tu résides actuellement. Quels sont tes sentiments en ce moment après avoir acquis ta troisième nationalité?
As: Bonjour Cyrille. La question que vous me posez là pourrai me permettre de mettre au clair certaines zones d'ombres me concernant. Avant même d'y répondre, j'aimerai rendre gloire à Dieu tout puissant, en qui je crois, pour chacun des plans merveilleux qu'il a formé pour moi : car je me considère être béni. Ainsi afin de mieux illustrer ma réponse permettez-moi de vous retracer le chemin de ma vie : je suis née au Tchad, d'une mère d'origine centrafricaine et d’un père tchadien, voici donc le début de mon histoire. Vous savez il y a des personnes qui sont nées en France ou aux États-Unis et qui ont eu accès plus facilement à des droits que moi, en Centrafrique.
En effet, j'ai eu l'occasion de jouer pendant 4 années en Centrafrique sans même pouvoir jouir d'une nationalisation. Puis l'ayant acquis par la grâce de Dieu en 2000 , j'ai décidé de retourner au Tchad pour jouer avec une équipe tchadienne, mais là bas au Tchad on me considérait plus comme un tchadien mais désormais comme un centrafricain. Enfin, en 2001 alors que l'équipe se préparait en France pour une compétition internationale, j’ai tombé gravement malade, anéantissant sûrement à cette époque mes chances de carrière. Ce que je peux ajouter, c'est que durant toute ma carrière en tant que sportif et professionnel, j'ai défendu les couleurs du drapeau Centrafricain, mon âme ,mon cœur, et l'amour que j'ai pour le peuple centrafricain et celui que je porte à ma mère ! Concernant ma naturalisation j'ai pu lire quelque part : « Asrangue que Souleymane est un tchadien, à qui allons nous donner la naturalisation? ». Bien qu'ils ont fait une polémique à ce sujet, ils ont oublié et oublient encore que j'ai dû me battre pour acquérir ce que je possède. Il s'agit d'un problème ! Car comment peuvent-ils refuser quelque chose à quelqu'un qui en a le plein droit : je suis autant centrafricain qu'un autre. Et je peux affirmer pour ceux qui me méprisent, que c'est mon talent qui m'a mené là où je suis aujourd'hui ! Que je sois devenu américain, chinois ou européen , c'est le plan de Dieu et ce que Dieu fait nul ne peut défaire ! Formé par des grands coachs américains comme Buzz Williams , Scott Manachar, Bob Huggins, Tony Benfort, Chris Cheney, Jody Belley, j'ai réussi à obtenir un diplôme d’entraîneur aux États-Unis, pour devenir par la suite coach, consultant et recruteur.
Cyrille: En tant qu'ancien Bamara et aujourd'hui entraîneur, quel regard portes tu sur l'avenir du basket-ball africain en général et en particulier celui de la République Centrafricaine?
As: Ça c'est une très bonne question! Je pense qu'en tant qu'ancien Bambara , l'avenir de ces équipes semble prometteuse, mais sous certaines conditions.
Cyrille: Dans moins d'un mois, aura lieu à Abidjan en Côte d'Ivoire l'Afrobasket 2013 qui regroupera 16 pays africains dont la République Centrafricaine, pays que tu as représenté fièrement lors du championnat d’Afrique, d’Égypte, d'Algérie et d'Angola . A ton avis, quelles sont les chances des Fauves à cette compétition?
As: Je demeure optimiste et confiant concernant cette équipe. Car avec une bonne sélection, l'équipe centrafricaine ne pourra que satisfaire les attentes du publique.
Cyrille: Les Fauves Centrafricains évolueront dans le groupe C aux côtés des Palancas Negras d'Angola, de Mozambique et du Cap Vert. Quel est ton pronostic pour ce groupe assez équilibré sur le papier même si l'Angola reste tout de même l'archi favori?
As: Mes pronostics pour le groupe C sont plus que positif. En effet, vous savez ce groupe est favori et est une bonne sélection. Ainsi, il possède tous les atouts nécessaires pour plaire au public.
Cyrille: Jusqu'à présent, l'on ne connait pas encore d'une manière officielle les noms des membres du staff technique qui conduiront la sélection nationale centrafricaine à Abidjan au mois d'Août prochain. En fais-tu parti?
As: Je ne suis pas plus informé que vous mais je reste disponible si le pays a besoin de moi.
Le staff technique centrafricain est composé de Fred Goporo (DTN), Johnny Madozein (Head coach) et de Bruno Darlan (coach-adjoint).
Cyrille: Les fauves sont actuellement en regroupement à Grenoble en France, seras-tu au rendez-vous pour apporter ton savoir et tes compétences à la sélection nationale centrafricaine?
As: J'espère pouvoir m'y rendre !
Cyrille : Tu es l'une des personnes proches de la star du basket-ball centrafricain Romain Sato. As-tu eu de discussion avec lui concernant sa participation à l'Afrobasket?
As: En effet, nous sommes des proches, cependant nos sujets de discussion ne tournent pas vraiment autour du basket-ball ; on parle de nos vies et de nos projets d'avenir respectives. Mais si vous voulez que je vous révèle quelque chose le concernant : vendredi dernier il s'est rendu chez le dentiste ! (rire).
Cyrille: Parlons maintenant de ton projet pour la promotion du basket-ball en Afrique à travers des camps d'été. Où en es-tu?
As: Sans faire le rabat-joie, j'aimerai garder le secret jusqu'au jour j !
Cyrille: Seras-tu présent à Abidjan en Côte-Ivoire?
As: Je l'espère ! Car j'aimerai pouvoir supporter mon équipe et pouvoir recruter dans la même occasion.
Cyrille: Depuis votre dernier championnat d’Afrique, quels sont les joueurs centrafricains qui vous ont le plus impressionné?
As: Il y a énormément de joueurs à talent dans cette équipe, bien que je n'ai pas eu l'opportunité de jouer avec eux au sein de l'équipe nationale, je peux vous citez quelques noms : Max Kouguere , Michael Mokongo, Jimmy Djimrambaye, James Mays....
Cyrille: Un mot sur le jeune pivot international centrafricain de Gravelines-Dunkerque Jimmy Djimrabaye qui semble déjà prêt à assurer la relève...
As: Pour moi Jimmy Djimrabaye est un joueur brillant et comme on le dit en anglais c'est un pivot « forward » .
Cyrille: Si tu devrais remercier des personnes qui au moins une fois ont oeuvré à ta réussite. Lesquelles citeras-tu?
As: Oh, ils sont nombreux mes anges gardiens terrestre !
Au Tchad, je remercierai Masra Sangulier, Madjimbaye, Marc, Mbaytire Mjambe.
Et à Bangui, je remercierai Aminou de Mazanga, mon père James Gambor qui a toujours cru en moi, Elvis Bomayako qui demeure en tout temps à mes côtés, Big Fish, Eugène Pehoua Pelema...
Cyrille: Entre la Tunisie, l'Angola, le Nigeria, le Cameroun et le Sénégal, quel pays semble le plus armé de remporter le titre de l'Afrobasket 2013?
As: Je pense pas qu'il m'est approprié de faire des pronostics concernant le gagnant potentiel de l'Afrobasket 2013. Tout le monde peut le remporter, car chaque équipe possède des atouts sportives qui pourront faire la part des choses lors de cet événement.
Cyrille: Actuellement, nous avons classé les Fauves dans le groupe des Outsiders parfaits en raison du retard dans le calendrier de preparation dû en partie aux problèmes financiers. Quel message veux-tu adresser au gouvernement et à la Fédération Centrafricaine de Basket-ball (FCBB)?
As: C’est mieux d’être les outsiders. Nous les fauves, nous embrassons toujours les défies. Vous savez quand les lions sont affamés ils dévorent leur proies avec beaucoup de force et de colère. J’aime bien notre position. Importe peut là où ils nous mettent, les fauves de bas-Oubangui montreront au monde de quel forêt ils viennent.
Concernant les problèmes financiers que nous sommes en train de traverser, il est difficile pour une satisfaction à 100% mais il n’est pas impossible, j'ai confiance à notre gouvernement et j'ai la fervente assurance qu'il va remédier à cette situation.
Selon nos sources, le gouvernement centrafricain vient de décaisser 10 millions de Fcfa à la Fédération Centrafricaine de Basket-ball. Cette somme permettra à la FCBB de rembourser les frais de billets d'avion et de payer les primes des joueurs. Il faut noter que le gouvernement centrafricain avait promis de donner à la FCBB la somme de 32 millions de Fcfa. Espérant que cela suffira pour mettre les bamaras dans les meilleures conditions avant de s'envoler pour la capitale ivoirienne.
Cyrille: Souleymane Asrangue, merci beaucoup d'avoir répondu à nos différences questions et on se donne rendez-vous à Grenoble dans quelques jours pour soutenir les Fauves Centrafricains. En attendant, portes-toi bien et félicitation pour ta naturalisation américaine.
As: C'est moi qui vous remercie !
Bonne chance aux Bamaras.
