Le Miami Heat a fait chuter les Denver Nuggets (111-108) lors du Game 2 des finales NBA dimanche soir. La toute première défaite à domicile pour les partenaires de Nikola Jokic depuis le début des playoffs. Un résultat qui est le fruit de nombreux ajustements tactiques payants effectués par Erik Spoelstra, ses assistants et évidemment ses joueurs.
Les Nuggets sont redescendus de leur nuage. Battus par le Heat (108-111) la nuit dernière, ils ont concédé leur première défaite à domicile depuis le début de ces playoffs. Ils se sont inclinés après avoir pourtant compté 15 points d’écart, là aussi une première sur la compétition. Denver avait gagné les 11 rencontres au cours desquels les joueurs de Michael Malone ont pris 10 points d’avance ou plus. La franchise du Colorado restait aussi sur 9 victoires consécutives sur son parquet. Le coach avait donc des raisons d’être furieux après le Game 2.
Il s’en est pris à ses hommes en conférence de presse en critiquant leur attitude sur le terrain. "Ce n’est pas la présaison ou la saison régulière, ce sont les finales NBA. Parlons des efforts. Miami a joué plus dur que nous. C’est de loin notre match le moins discipliné des playoffs. Nous avons eu tellement de moments de relâchement et ils ont parfaitement exploité ces moments-là. Notre défense doit être bien meilleure. Ça fait deux matches de suite que notre défense est inexistante dans le quatrième quart-temps."
LE PLAN PARFAIT DU HEAT
Les playoffs, c’est aussi une guerre psychologique. Encore plus en finales NBA. En concentrant son discours sur ce que les joueurs n’ont pas fait ou mal fait, Malone pourrait presque laisser entendre que ce n’est pas le Heat qui a gagné mais les Nuggets qui ont perdu, parce que la nuance est importante. Autrement dit, ce n’est pas Miami qui a trouvé des solutions mais Denver qui s’est créé des problèmes tout seul. Pourtant, la courte défaite ne s’explique pas simplement par un manque d’efforts, un relâchement ou des difficultés en défense. Il y a eu de vrais ajustements payants effectués par Erik Spoelstra et son staff entre le Game 1 et le Game 2. Des changements qui ont fait toute la différence.
Déjà dans le cinq majeur. Le coach a sorti un Caleb Martin diminué et nettement moins tranchant que lors de la série précédente. Mais il ne l’a pas remplacé par n’importe qui. Il a relancé Kevin Love, qui n’a absolument pas joué la moindre minute lors du premier match. C’est la force du Heat : cette capacité à renvoyer au charbon à tout moment n’importe quel joueur. L’ancien All-Star a eu un impact d’entrée. Sa présence visait certainement à apporter un peu de taille et de puissance aux Floridiens, malmenés physiquement par leurs adversaires dans le Game 1. Love a rééquilibré le rapport de force. Il a capté 10 rebonds en 22 minutes et il a terminé avec le deuxième différentiel de points le plus élevé (+18) du match. Le bon départ de Miami, qui menait rapidement 21-10, n’est pas étranger à ce changement de dispositif.
La plupart des ajustements ont cependant été défensifs. Le Heat a alterné de la zone et de l’individuelle, avec des timings très particuliers et très pertinents. Nikola Jokic a été "incité", même si Spoelstra réfutera cette idée, à scorer un peu plus. Le pivot avait détruit Miami sur les prises-à-deux en ouverture des finales NBA. Il y en a eu beaucoup moins la nuit dernière, quitte à ce que le Serbe marque plus de points. Effectivement, il a joué plus souvent pour sa pomme, parce qu’il y a été poussé et presque contraint. Cody Zeller a été placé sur lui dans le troisième quart-temps, une invitation à jouer des isolations. Jokic a répondu en marquant 18 points.
UNE DÉFENSE PAYANTE SUR JOKIC, MALGRÉ SON CARTON
18 des 26 pions inscrits par les Nuggets sur la période. Sauf que pendant ce temps, ses coéquipiers sont complètement sortis de leur rythme. Il y avait moins de circulation de balle puisque le double-MVP scorait sur chaque possession ou presque. C’est pile à ce moment-là qu’Erik Spoelstra a remis sa défense en zone. La réponse pour Denver a été de planter à trois-points, comme les joueurs de Michael Malone l’ont fait dans le deuxième quart-temps, quand ils avaient inscrit 4 paniers primés en 70 secondes. Mais les snipers des Nuggets n’étaient plus dedans à ce stade de la rencontre. Ils se sont refroidis entre temps et ils ont mis 9 minutes à se remettre dans le bain, d’où le 11-2 passé tardivement avec justement plusieurs tirs extérieurs. Un run trop tardif, Miami avait déjà fait la différence.
Il y a aussi eu des changements sur la zone en elle-même. Nikola Jokic a crucifié le Heat depuis le poste haut lors du Game 1. Là, les défenseurs ont fait preuve de beaucoup plus de dureté pour l’empêcher de jouer sur ses positions préférentielles. L’accès à la ligne des lancers-francs lui a été coupé et il a souvent commencé ses actions soit très loin du panier – avec la difficulté que ça représente pour lui de dribbler de dos jusqu’au cercle – soit tout près. Bam Adebayo a aussi été excellent pour l’empêcher tout simplement de recevoir le ballon en coupant la ligne de passe. Plus globalement, Jokic a été isolé de ses coéquipiers. Il a offert 4 passes décisives, 10 de moins que lors du match précédent ! Les Nuggets n’ont distribué que 6 passes qui ont menées à des drives vers le cercle, dont 0 venant de leur superstar. Le Heat a vraiment bien perturbé le flow offensif si important à Denver.
"Ils nous ont forcé à jouer à leur rythme", remarque Jokic. "On ne voulait pas jouer comme ça. Peut-être qu’il faut que l’on joue un peu plus vite, ça peut nous aider." C’est même inévitable. Parce que justement, maintenant, ce sont aux Nuggets de s’ajuster. Les playoffs ne sont pas juste une bataille psychologique mais aussi évidemment tactique. Pour la première fois, les joueurs de Michael Malone ont été sortis de leur zone de confort. Cette série ne sera certainement pas de tout repos, même s’ils semblent supérieurs sur le papier. Leur réponse se fait maintenant attendre.