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Aaron Gordon, l'homme qui a changé de destinée et transformé Denver

Publié par NBB sur 11 Juin 2023, 16:33pm

Catégories : #NBA, #Denver Nuggets, #Finales NBA 2023, #Miami Heat

Aaron Gordon, l'homme qui a changé de destinée et transformé Denver

Héros du Game 4 des finales NBA remporté contre le Miami Heat (108-95), facteur X des Denver Nuggets depuis son arrivée, Aaron Gordon s'affirme comme un joueur essentiel pour la franchise du Colorado. Il évolue dans un rôle certes moins exposé mais tellement important. Son arrivée en 2020 a changé la trajectoire de son équipe, mais aussi celle de sa carrière.

Aaron Gordon était sorti du lycée avec les fameuses "cinq étoiles" attribuées par les différents sites spécialisés américains aux talents les plus prometteurs qui débarquent à l’université. Sélectionné au McDonald’s All-American Game, un All-Star Game dont il avait été nommé MVP, chef de file du parcours victorieux de Team USA à la Coupe du Monde U19 la même année (2013), avec même un autre trophée de MVP à la clé, le jeune homme semblait promis à un avenir glorieux. Une star en puissance selon son pedigree. Un an après, à la suite d’une saison remarquée avec la faculté d’Arizona, il figurait parmi les attractions majeures de la promotion draftée en 2014, au côté d’Andrew Wiggins, Joel Embiid ou encore Julius Randle.

Eux sont devenus All-Stars. Pas lui. Mais les recruteurs l’avaient senti. Ils le présentaient même comme un joueur de complément parfait d’une équipe qui vise le titre. La plupart des jeunes basketteurs qui débarquent en NBA en étant pioché dans les dix premiers ont été les premières options offensives de leur formation tout au long de leurs parcours scolaires. Lui savait déjà faire un peu de tout sur le terrain. Au point où de pousser un scout à écrire que "son futur sera extrêmement brillant s’il est drafté pour devenir un joueur de devoir très qualifié plutôt qu’une star censée changer le destin d’une franchise." Aujourd’hui, Gordon, 27 ans, incarne parfaitement l’esprit de la première définition après avoir été maladroitement poussé à assumer la deuxième étiquette.

Aaron Gordon, l'homme qui a changé de destinée et transformé Denver

AARON GORDON, LE FACTEUR X DES NUGGETS
Sa performance lors du Game 4 des finales NBA illustre tout ce qu’il représente pour les Nuggets. La défense du Heat s’est essentiellement concentrée sur Jamal Murray et Nikola Jokic. Les deux maîtres à jouer ont chacun été limités sous les 50% de réussite aux tirs (13 sur 36 en cumulé) après avoir été époustouflants au match précédent. Aaron Gordon a alors pris le relais en postant 27 points à 11 sur 15, dont 3 sur 4 à trois-points, 7 rebonds et 6 passes. Son différentiel de +29 étant de loin le plus élevé de la rencontre. "Il nous a fait gagner, c‘était le meilleur joueur sur le terrain", a même confié Jokic. Denver l’a effectivement emporté à Miami (108-95) et la franchise du Colorado n’est désormais plus qu’à une victoire de décrocher le premier titre de son histoire. Ce serait aussi un premier trophée pour Gordon, neuf ans après son arrivée dans la ligue.

Il n’est pas un novice au plus haut niveau mais ce n’est que courant 2020 qu’il a vraiment trouvé sa place en NBA. De la même manière que les Nuggets, souvent bien placés mais jamais gagnants, sont devenus des candidats au titre crédibles qu’à partir du moment où ils ont fait venir l’ailier-fort très polyvalent. C’est son transfert qui a fait basculer Denver dans une autre dimension. L’ironie, c’est que même les dirigeants ne l’avaient pas vu venir. "On ne savait pas qu’il serait aussi fort, ni à quel point il s’affirmerait comme un excellent coéquipier prêt à se sacrifier autant", avoue Calvin Booth, le GM. Aaron Gordon s’est de suite affirmé comme le partenaire idéal pour Nikola Jokic dans la raquette. Les deux hommes se complètement à merveille.

Aaron Gordon, l'homme qui a changé de destinée et transformé Denver

Pas forcément assez à l’aise balle en main pour se créer durablement son propre tir, sans pour autant être manchot, l’intérieur profite de la vision du jeu lumineuse de son partenaire pour marquer "les paniers les plus faciles de sa vie", selon ses propres mots. Le double MVP prend plaisir à l’alimenter en ballons. "J’adore jouer avec lui", reconnaît d’ailleurs le pivot serbe. C’est réciproque. "AG" est le complice idéal pour finir d’un dunk puissant les passes lobées de Jokic dès que ce dernier est doublé par la défense. Il sait où se placer et quand couper pour réceptionner les caviars distribuées à la pelle par la superstar chaque soir. "Je joue avec l’un des joueurs les plus intelligents du monde donc je dois élever mon QI basket." Il a marqué exactement 100 paniers depuis le début des playoffs. 38 d’entre eux ont pour origine une passe décisive de Jokic.

Ce n’est donc pas exactement ce joueur que les Nuggets s’attendaient à récupérer. Mais ce n’est pas non plus celui que le Magic espérait en le draftant en quatrième position en 2014. La franchise floridienne montait alors un nouveau projet, avec essentiellement des jeunes, et elle se cherchait encore la pièce principale de son puzzle. Ses différents coaches lui ont des rôles différents, souvent avec l’ambition de le muter en attaquant prolifique. Il a même été comparé à Paul George. Et ça n’a évidemment pas marché. Ça donnait l’impression qu’il ne savait pas exactement quel joueur il était. C’est tout l’inverse à Denver. Il est arrivé avec l’ambition de se fondre dans un collectif sans vouloir en faire trop.

"J’avais le sentiment que j’allais être un défenseur au sein de cette équipe. Je savais qu’il y avait déjà plein de scoreurs prolifiques. Michael Porter Jr, l’un des tireurs les plus purs de la ligue. Jokic, un double MVP qui sait tout faire. Jamal Murray qui peut mettre 50 points n’importe quel soir. Je savais que je venais pour défendre et leur rendre la vie facile. Je suis arrivé dans cette ligue avec cet état d’esprit." Parce qu’en défense aussi, il est le complément idéal de Jokic (et de Murray). Sa mobilité et ses capacités athlétiques lui permettent de défendre au large là où son coéquipier peut vite être exposé par son manque de vitesse latérale. Et même quand ce dernier est ciblé par l’attaque adverse, qui le pousse à sortir en jouant des pick-and-roll par exemple, Gordon est suffisamment long pour venir contester les tirs près du cercle en deuxième rideau. C’est un défenseur aux multiples facettes et il est même le stoppeur attitré de l’équipe.

Aaron Gordon, l'homme qui a changé de destinée et transformé Denver

L'HOMME DE L'OMBRE QUI COMBLE LES BRÈCHES
"Il défend sur le meilleur attaquant adverse chaque soir. C’est une tâche difficile et peut-être qu’il n’est pas assez reconnu pour ce qu’il fait mais on sait ce qu’il apporte et on le remercie", note Jokic. Ses adversaires directs sont limités à 39% aux tirs et 27% sur ces playoffs. Karl-Anthony Towns n’a rentré que 36% de ses tentatives quand il s’est retrouvé avec Gordon sur le dos. Kevin Durant 39%. Et 43% pour Devin Booker, ce qui constitue un petit exploit en soi.

"Pour ce qui est de l’attaque, je comptais juste m’adapter à ce qui pouvait coller pour l’équipe : des coupes, des paniers en transition, des paniers faciles", remarquait l’intéressé. Ça fonctionne très bien. Sauf qu’il a aussi gardé quelques-uns de ses anciens réflexes, ceux développés à Orlando. Aaron Gordon n’est pas assez efficace ou assez technique pour scorer régulièrement au-dessus des 20 points. Mais il créé des duels avantageux pour les Nuggets et il sait jouer de sa taille et de son corps pour punir les défenses qui font le choix de l’ignorer ou de mettre un arrière plus petit sur lui. Le Heat tient à garder Bam Adebayo sur Nikola Jokic et Jimmy Butler sur Jamal Murray. Alors quand Caleb Martin, Gabe Vincent ou Max Strus se retrouvent sur lui, il se régale en enchaînant les paniers dans la peinture.

"C’est pour ça que l’on l’a fait venir. Il est fort, il ne lâche rien. Il joue dur. Il créé du liant entre nous tous et il est altruiste. Il a été très bon depuis qu’il est arrivé ici", témoigne Murray. Jokic poursuit : "Il joue un rôle différent. Il s’est sacrifié et c’est pourquoi c’est un excellent coéquipier." Accepter ce rôle de l’ombre, être l’homme qui comble les brèches, ne sera sans doute pas perçu comme un sacrifice pour Gordon. Mais c’est vrai que la plupart des jeunes joueurs qui arrivent en NBA avec son CV débarquent avec la ferme intention de devenir des stars. Ils veulent les points, ils veulent les stats et les millions qui viennent avec. Ce que voulait lui offrir le Magic. Il n’était finalement pas programmé pour ça. Il lui fallait un changement de scénario pour s’épanouir et les Nuggets se cherchaient la pièce manquant pour vraiment viser le titre. Ils se sont bien trouvés. Une union parfaite bientôt célébrée par une bague.

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