Stephen Curry et les Warriors sont arrivés dans l’Arizona plein d’enthousiasme, sûrs de leurs forces après avoir remporté 18 de leurs 20 premiers matches. Ils ont pris un coup sur la tête. Les Suns, lancés sur une série de victoires absolument folles, ont martyrisé l’attaque d’ordinaire flamboyante des Californiens pour décrocher ce duel au sommet avec la manière (104-96) et malgré la sortie sur blessure de Devin Booker à la pause. Une statistique pour résumer le succès de Phoenix : 4 sur 21. Soit l’adresse aux tirs de Stephen Curry, auteur de son plus mauvais match de la saison. Il a terminé avec 12 points. Complètement étouffé par la défense adverse. Mikal Bridges ne l’a pas lâché d’une semelle. Jae Crowder et Cameron Johnson non plus. Les stoppeurs des Suns ont fait le boulot sur les ailes, avec Deandre Ayton pour coordonner le tout depuis la raquette (24 points, 11 rebonds, 2 blocks). En attaque, c’est évidemment Chris Paul qui a pris les commandes. Encore plus en l’absence de Booker. Le vétéran n’a pas beaucoup marqué – 15 points tout de même – mais il a donné l’impression de le faire à chaque fois que c’était nécessaire. Il a joué juste, comme d’habitude. En lisant parfaitement la défense pour distribuer les offrandes. C’est sur deux caviars de CP3 que Crowder a achevé les Warriors avec deux paniers (dont un trois-points) coup sur coup dans les quatre dernières minutes. Le meneur a ajouté son petit tir dans la foulée avant de donner une autre passe à Landry Shamet derrière l’arc. Et, d’un coup, l’écart est passé d’une à dix longueurs : de 92-91 à 102-92. Une démonstration collective derrière les 15 points, 6 rebonds, 11 passes et 5 interceptions de Paul. Les Warriors n’ont pas marqué 100 points pour la première fois de la saison. Et ce n’est pas un hasard si ça tombe contre Phoenix, qui engrange là sa 17e victoire de suite. Les Suns occupent désormais la première place avec le même bilan que leurs adversaires du soir (18-3). Mais lundi soir, on a bien vu qui est le plus fort, pour l’instant.
C’était les playoffs en novembre à Phoenix ! Au terme d’un match à l’intensité printanière, les Suns ont contrôlé les débats pour limiter Stephen Curry à 4 sur 21 aux tirs et provoquer 23 ballons perdus. Ils deviennent la première équipe depuis les Warriors en 2015 à rester invaincue pendant un mois entier. Mais les hommes de Monty Williams ont cependant perdu Devin Booker, blessé, en fin de première mi-temps.
Il ne fallait pas arriver en retard pour profiter du spectacle entre les deux meilleures équipes de ligue. Un DeAndre Ayton dominateur au rebond offensif et près du cercle marque neuf points pour prendre les devants mais Jordan Poole répond par un 11-0 personnel, alors que Steve Kerr jongle entre défense individuelle, défense de zone, et une boite sur Booker, pour permettre aux Warriors de prendre les commandes (35-31).
Les défenses haussent alors le ton et les deux équipes perdent 10 ballons lors des six premières minutes du deuxième quart-temps. Malgré ce déchet, l’adresse longue distance d’Otto Porter Jr met Golden State à +9 (48-39). Alors qu’un Curry, maladroit et bien défendu, souffle sur le banc, les Suns reviennent dans le coup. Cam Johnson et Chris Paul signent un 14-2 qui permet à Phoenix de rentrer aux vestiaires avec deux points d’avance (56-54).
Chris Paul, maître du « money time »
À l’instar du deuxième quart-temps où ils avaient limité Golden State à 6 sur 22 aux tirs et provoqué 9 pertes de balles, les Suns continuent de frustrer Curry et toute l’attaque adverse. De l’autre côté, Chris Paul contrôle le tempo et trouve Ayton près du cercle et ses shooteurs dans les corners pour Phoenix à +9 (70-61). La sortie de CP3 et l’entrée de GP2 (Gary Payton II) changent toutefois la donne. L’attaque des Suns enchaine les mauvais choix et la paire Payton – Poole ramène les Warriors dans le coup (80-78).
Les retours de Paul et d’Ayton relancent Phoenix mais Golden State s’accroche sans la manière grâce à l’improbable quatuor Bjelica – Payton – Chiozza – Porter Jr (92-91). C’est le moment choisi par Chris Paul pour prendre les choses en main. Il est impliqué dans les 10 prochains points de son équipe alors que les Warriors se précipitent, perdent encore de nombreux ballons, et forcent. C’est finalement Landry Shamet qui assomme les Warriors pour offrir une 17e victoire de suite aux Suns, record de franchise égalé. Les voilà à la hauteur de Golden State en tête de la ligue, mais les Warriors auront l’occasion de prendre leur revanche dès vendredi.
CE QU’IL FAUT RETENIR
– Les Suns ont mis Stephen Curry sous l’éteignoir. Injouable depuis le début de la saison, Curry est redescendu sur terre face à la défense de Phoenix. Avec Mikal Bridges et ses long segments en défenseur principal, un deuxième rideau alerte, et des rotations précises, les Suns ont forcé le double MVP à prendre des tirs compliqués pendant toute la soirée. Monty Williams a également usé de switchs entre Bridges, Paul, et Crowder pour faire bosser Curry. En limitant Curry, les Suns ont également forcé les autres Warriors à faire ce qu’ils n’ont pas l’habitude. Résultat ? Ils ont perdu 23 ballons, leur pire marque de la saison, qui se sont transformés en 19 points pour Phoenix.
– Steve Kerr et l’alternance défensive. Pendant toute la rencontre, les Warriors ont alterné plusieurs styles de défense pour surprendre les Suns. Ils ont débuté avec Draymond Green sur Chris Paul pour pouvoir limiter le pick and roll avec DeAndre Ayton. Ils sont passés en boite sur Devin Booker ou Chris Paul quand l’autre star n’était pas présente sur le terrain pour forcer les autres Suns à créer. Et ils ont passé la majeure partie du troisième quart temps en zone hybride 2-3 / 2-1-2, leur permettant de revenir dans le match. S’ils n’ont pas réussi à ralentir les Suns en fin de match, ils les ont tout de même limités à 104 points.
– La patience et la rigueur de Phoenix dans le money time. À cinq minutes de la fin du match, les Suns menaient 92-91. Les Warriors ne marqueront que cinq points pour terminer la rencontre. En face, Chris Paul s’est transformé en « Point God » avec une séquence remarquable. Il a trouvé Crowder par deux fois, il a enregistré sa cinquième interception de la rencontre, il est allé chercher son tir à mi-distance, et a terminé par une nouvelle passe décisive pour un autre tir primé, cette fois de Landry Shamet. Dans son sillage, les Suns continuent de prouver, comme face à Dallas et comme face à Cleveland, que quand il s’agit d’aller chercher la victoire, il est difficile de faire mieux en NBA.
LE COUP DUR
Avec six minutes à jouer en deuxième quart-temps, Devin Booker attaque le cercle en transition et absorbe un contact anodin et légal d’Otto Porter Jr mais sur la réception, la star des Suns attrape toute de suite le dessous de sa cuisse gauche. Le verdict tombera quelques minutes plus tard. Blessé aux ischios, Booker est obligé de déclarer forfait pour le reste du match. La question est maintenant de savoir combien de temps il sera éloigné des parquets ?
TOPS/FLOPS
✅ Chris Paul. Sans Devin Booker à ses côtés en deuxième mi-temps, Chris Paul a posé son empreinte sur la rencontre pour mener les Suns vers la victoire. Il a terminé la rencontre avec 15 points, 11 passes décisives, 6 rebonds, et 5 interceptions.
✅ DeAndre Ayton. Le pivot a puni le manque de taille de Golden State dès les premières minutes et même si les Warriors se sont adaptés, Ayton a dominé la raquette pour finir avec un double double (24 points, 11 rebonds).
✅ Jordan Poole. Poole a commencé la rencontre sur les chapeaux de roues, marquant 16 points en premier quart temps, soit la meilleure période de sa carrière. Il a longtemps gardé les Warriors dans le coup pour finir avec 28 points, mais il a lui aussi disparu en dernier quart-temps.
⛔ Stephen Curry. À 4 sur 21 aux tirs, le meneur des Warriors signe le pire match de sa carrière dans une rencontre à 20 tirs et plus. Face à la défense agressive de Phoenix, Curry n’a jamais trouvé son rythme et a même manqué grossièrement la cible à plusieurs reprises.
LA SUITE
Warriors (18-3) – Suns (18-3): Les deux équipes se retrouveront dans la nuit de vendredi à samedi au Chase Center de San Francisco pour la revanche.