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Nicolas Batum: « Je n’en veux pas à Kevin et Joakim »

Publié par NEWS BASKET BEAFRIKA sur 29 Septembre 2013, 08:14am

Catégories : #EUROPE

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Le récent champion d'Europe était présent à Caen cette semaine avec le coach Hervé Coudray et le président Eric Fleury.

 

Les motards de la police lui ont ouvert la voie. Pas de quoi surprendre Nicolas Batum qui a déjà fréquenté l’Élysée, le plateau du 20 heures de TF1 et celui du Grand journal de Canal + cette semaine, entre autres… Pas de quoi lui faire prendre la grosse tête non plus. Souriant et disponible, le natif de Lisieux a joué le jeu des photos et autographes, a laissé sa médaille d’or passer de mains en mains. Il a surtout répondu à toutes nos questions, sans langue de bois.

 

Nicolas Batum, ce titre de champion d’Europe, c’est aussi beau que vous l’aviez imaginé ?

 

"Oui, c’est tout ce dont on rêvait, c’était notre voeu le plus cher et on l’a fait. C’est génial !"

 

Et quel engouement derrière !

 

"Déjà, il y a deux ans, on avait créé un petit buzz avec notre finale (de l’Euro perdue contre l’Espagne) et derrière avec les JO. Mais là, ça n’a strictement rien à voir. A l’aéroport, il y avait des gens qui nous sautaient dessus comme si on était des rock-stars ! Derrière, les policiers nous ont escortés jusqu’à l’Élysée où le Président avait décalé un voyage pour nous recevoir. Ensuite, avec quelques partenaires, j’ai été escorté par la garde républicaine pour aller faire le journal de 20 heures sur TF1. Depuis 2-3 jours, c’est complètement fou !"

 

Vous réalisez ce que vous avez fait et tout ce qui vous arrive ?

 

"Maintenant, oui. Au départ, c’est vrai qu’avec toutes les solicitations on a eu du mal à vraiment se rendre compte, mais ce matin (jeudi), quand je suis allé faire une course, j’ai compris. Une dizaine de personnes dans le magasin sont venues me parler, me féliciter, me dire qu’on a fait un truc super bien, qu’ils ne connaissaient pas forcément le basket et que c’est un bon sport. On sent qu’on a créé quelque chose quand même."

 

C’est vrai, vous êtes devenus les meilleurs ambassadeurs possibles pour le basket…

 

"C’est bien. Après ce qui s’est passé avec les filles à l’Euro en juin et ce qu’on a fait ensuite, les deux équipes de France ont réussi à créer un truc".

 

« A -50, on aurait gagné quand même  »

 

Revenons à l’Euro et au jeu. Avez-vous douté durant la compétition ? En demi-finale notamment ?

 

"Non, pas une seconde. Pourquoi, je ne sais pas, mais on savait qu’on n’allait pas perdre ce match-là. Vraiment, ce n’est pas du pipeau et vous verrez les images dans les reportages qui sortiront bientôt. On ne pouvait pas perdre ce match contre l’Espagne, c’était impossible ! On aurait pu être à -50, qu’on aurait quand même gagné (rires). On est revenu assez vite et après, ça s’est joué sur les nerfs. C’était horrible sur le terrain et je n’imagine même pas devant la télé… Ça devait même être pire que pour nous sur le terrain, parce que nous on était dedans. Ça a été dur, mais c’était marrant !"

 

On vous parle certainement plus encore de cette demie contre l’Espagne que de la finale ?

 

"Oui, parce que ce sont les Espagnols en face, nos rivaux. On est à -15, on montre une image moribonde en première mi-temps, on ne joue pas… Heureusement que Superman est là ! Tony (Parker) a été extraordinaire, il a mis 75 % de nos points en première mi-temps et en deuxième on s’est reveillé. La grosse faute de Boris Diaw a lancé un message à tout le monde : ça voulait dire, maintenant on joue, et on joue dur comme eux jouent dur, et voilà… On est remonté et c’est peut-être la plus belle mi-temps de l’histoire du basket français."

 

Cette faute, elle ressemble à celle que vous aviez commise déjà contre l’Espagne aux JO. Tous ces France - Espagne assez chauds, vous y pensez à ce moment-là ?

 

"Oui, mais la différence c’est que Boris a fait la faute au bon moment, lui (rires). La faire à ce moment-là, ça nous remet dedans. Après, pendant le match, je pense à toutes les défaites qu’on a connues contre eux et c’est surotut ça qui me gonflait par rapport à l’Espagne."

 

«  Tony m’a donné les clés  »

 

En finale, Tony Parker vous avait demandé de prendre le choses en mains. Vous avez répondu présent…

 

"Oui, il était venu dans ma chambre la veille. Il n’arrivait pas à dormir, moi non plus. Il me dit qu’il est KO. Il me dit : « Nico, demain ils ne vont pas me laisser jouer, ils vont être collés à moi, et il faut que quelqu’un gère le match. C’est à toi de lancer le truc !  » Il m’a donné les clés, il m’a dit la finale est à toi. Vincent Collet me l’avait dit aussi avant le match : « Si on a un grand Nicolas Batum ce soir la France sera championne d’Europe ». Voilà…"

 

Depuis, le déferlement médiatique est énorme.

 

"Oui. Enchaîner l’ouverture au 13 heures de TF1, puis le plateau sur place au 20 heures, puis Canal +, puis le Président de la république, puis Bein Sport demain matin (ce vendredi), puis L’Équipe 21 demain soir… Oui, j’enchaîne, mais c’est bien. Ça veut dire que la popularité du basket augmente en France et c’est une bonne chose."

 

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Cette médaille d’or, elle peut rejaillir sur le Caen BC dont vous êtes l’ambassadeur ?

 

"Je pense, oui. Il y un engouement par rapport au CBC, avec ma venue entre autres. Ce titre de champion d’Europe va peut-être donner envie aux jeunes de se mettre au basket. On a montré une image de gens qui se battent pour le maillot français, qui veulent un titre, qui ne chantent pas la Marseillaise mais qui la hurlent carrément à la fin. Ça montre certaines valeurs et j’espère que ça donnera envie à certains de jouer au basket ou d’investir dans le basket, à Caen par exemple parce que ce club a un avenir."

 

Entre vous et Caen, c’est une belle histoire d’amour…

 

"Caen, c’est un club qui a compté pour moi. C’est le club qui m’a sorti de ma petite campagne de Pont-L’Évêque (rires). La Basse-Normandie a besoin d’un club masculin au haut niveau et ce club, c’est le CBC. J’ai beaucoup bossé avec Thierry Godfroy et Eric Fleury pour trouver des partenaires. J’ai aidé au recrutement aussi. C’est moi par exemple qui suis allé à Rueil-Malmaison pour rencontrer Slobodan (Ocokoljic), j’ai mangé avec lui et je me suis investi personnellement pour le faire venir à Caen. J’ai vraiment envie que le club monte et j’ai envie de monter avec eux ! Je veux grandir avec le CBC."

 

«  L’Euroleague en 2020 à Caen  »

 

Avez-vous fixé des objectifs aux joueurs caennais ?

 

"Ils savent ce qu’ils ont à faire. Ils sont bien gérés, bien coachés. On essaie d’avoir une structure la plus pro possible pour tenter de monter en Nationale 1."

 

Et à moyens termes ?

 

"L’Euroleague en 2020 à Caen (rires). Je plaisante évidemment, même si le but c’est de monter le plus haut possible, en sachant que ce sera dur et que ça prendra du temps."

 

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En plein Euro, vous avez réussi à suivre le premier match de N2 à distance ?

 

"Oui, j’ai reçu le résultat. J’ai eu des messages d’Eric (Fleury) et d’Hervé (Coudray) et j’ai eu Camille (Eleka) au téléphone. Je sais qu’ils ont gagné à Lorient. J’ai même trouvé un résumé du match de 8 minutes sur le Facebook du club de Lorient !"

 

Suivre à distance, ce sera votre lot quotidien de Portland de toute façon ?

 

"Oui, je vais essayer de suivre ça au mieux, de voir quelques vidéos. Malheureusement, Canal + ne couvre pas encore les matches du CBC. Je leur ai demandé pourtant (rires). J’essaierai au maximum de les suivre de toute façon."

 

«  Enfin, l’un des Blazers a gagné quelque chose  »

 

Vous rentrez dès dimanche aux États-Unis. Place à la NBA déjà…

 

"Oui, je rente dimanche. J’ai visite médical lundi matin, séance photos et vidéos l’après-midi. Et dès mardi matin entraînement !"

 

Zéro vacances donc ?

 

"J’ai essayé de négocier tout de suite après la finale. J’ai eu les dirigeants au téléphone. Ils m’ont dit «  c’est bien, de quoi as-tu besoin quand tu rentres ?  » J’ai répondu « de repos ! » On verra, on va négocier…"

 

L’objectif play-offs semblent un peu plus envisageable cette année pour les Blazers avec plusieurs renforts comme Mo Williams, entre autres ?

 

"C’est l’objectif, oui. On s’est clairement renforcé. On a doublé tous les postes et c’est capital pour réussir. On en avait besoin. Les leaders seront toujours les mêmes mais on aura plus de soutien à côté : on a recruté à tous les postes !"

 

Avec Aldridge et Lilliard, on vous attend pour porter l’équipe…

 

"C’est vrai, c’est mon rôle. Essayer d’être l’un des meilleurs ailiers de la conférence Ouest et encore passer un niveau supplémentaire. Je sais que l’Euro a été très suivi. Les gens sont vraiment très contents pour moi à Portland, ce « winning spirit » ça compte : là-bas, ils se disent qu’enfin l’un des Blazers a gagné quelque chose ! Il veulent que je ramène ça avec moi (rires)."

 

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«  Je n’en veux pas à Kevin et Joakim  »

 

Parlons équipe de France. Votre rôle sera aussi plus important lors de la Coupe du monde l’année prochaine si Tony Parker n’est pas là. Êtes-vous sûr, déjà, d’y être ?

 

"Je ne sais pas… Après, si j’y vais et que Tony n’est pas là, mon rôle sera plus important, c’est clair. Mais il faut que je réfléchisse à ce sujet. On verra…"

 

Certains - des intérieurs pour ne pas les nommer - ont choisi de ne pas venir en équipe de France durant l’Euro. Avez-vous compris leur décision ?

 

"Oui, je les ai compris. Chacun a ses raisons, mais je joue aussi en NBA donc je sais qu’une saison est longue et que lorsqu’un contrat arrive, il faut parfois se concentrer là-dessus pour progresser. On a beau dire ce qu’on veut, il y a de grosses sommes en jeu et ce n’est pas facile à gérer. Je ne pense pas que ça fasse plaisir à Kevin Séraphin de nous voir champions d’Europe, parce que je pense qu’il aurait préféré être avec nous. Il a fait un choix de carrière que je peux accepter et comprendre. Joakim Noah pareil : il était blessé, il a beaucoup joué, et je peux comprendre qu’il ait eu besoin de repos. Je ne leur en veux pas du tout, et de toute façon, on est champions d’Europe à la fin quand même ! Ça aurait peut-être été plus simple avec eux, mais l’apport d’Alexis Ajinça, de Johan Petro et de Joffrey Lauvergne a été extraordinaire. Ils ont fait un gros travail."

 

Vous parler régulièrement de Tony Parker comme d’un exemple. Il a été all-star, il a des bagues de champion… Vous pensez à tout ça aussi ?

 

"Bien sûr ! Parce que de cotoyer un mec comme ça, qui te prend sous son aile H-24 pendant plus de deux mois, ça devient du mimétisme à un moment donné ! Tu deviens comme lui, tu penses comme lui, tu manges comme lui… Il m’a plus que jamais pris sous son aile et j’ai beaucoup appris de lui ces deux derniers mois. Je suis quelqu’un de différent aujourd’hui."

 

«  Une médaille olympique…  »

 

Qu’est-ce qui pourra vous faire de nouveau vibrer autant que cet Euro à l’avenir ?

 

"Un titre NBA, répéter ce qu’on a fait à l’Euro… Hier (mercredi) quand on a pris l’avion pour aller faire le match en Vendée, on ne parlait que de ça : de ce qu’on allait faire en 2015 et comment ça allait se passer. Il y a ça, une médaille olympique. Il y a encore plein de choses à faire !"

 

Un mot sur Marine Johannes. Vous suivez toujours votre petite protégée de Pont-L’Évêque qui va jouer avec les pros cette année à Mondeville ?

 

"Oui, je l’ai beaucoup suivie pendant son Euro U18 cet été. On a beaucoup échangé par texto et sur Facebook. Nous, avec les A, on leur a fait parvenir un message d’encouragement et j’ai mis un mot spécialement pour elle. On a même réussi à trouver un lien sur internet pour suivre leur finale contre l’Espagne. J’étais fier d’elle et j’ai couru partout en criant Pont-L’Évêque lorsqu’elle a été élue meilleure ailière du tournoi ! Je suis vraiment content pour elle. Je sais ce qu’elle en train de vivre, l’arrivée chez les pros en étant très attendu, je suis passé par là aussi. Moi, j’ai eu du mal à le vivre au début et je lui ai dit qu’elle pouvait m’appeler quand elle le souhaite pour le moindre conseil. Mon téléphone est toujours ouvert pour elle."

 

Dernière question sur Vincent Collet qui a été prolongé à la tête de l’équipe de France. Vous entretenez une relation particulière avec lui depuis vos années mancelles ?

 

"Bien sûr, l’histoire a commencé au Mans pour nous deux. Il y a eu Pont-L’Évêque et Caen avant, mais Le Mans et Vincent m’ont donné ma chance ensuite. C’est le MSB qui m’a lancé en Pro A et m’a permis d’aller en NBA. Vincent, c’est quelqu’un qui veut gagner avant tout, mais il veut aussi former. Il est pointilleux, même chiant sur certaines séquences où les choses sont cadrées au millimètre près (rires). C’est pour moi le meilleur coach de l’histoire du basket français, on peut le dire désormais."

 

 

 

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